Les effets du vin sur le système digestif dans la science

Le vin, comme tous les aliments, doit être digéré. Néanmoins, il ne passe pas inaperçu à travers notre appareil digestif, et laisse des petits souvenirs, qu’ils soient désagréables ou agréables. Voici donc un petit aperçu général de ses effets sur les principaux organes digestifs.

I. L’œsophage

L’œsophage est le tube digestif par lequel passe le vin dès qu’il est avalé

L’œsophage est le premier organe par lequel passe le vin après avoir salué la bouche, puisqu’il constitue un tuyau qui sert de passage de la cavité buccale à l’estomac. Quand le vin y passe, les muqueuses, c’est-à-dire les parois de l’œsophage, absorbe un peu de la substance.            Lorsque l’on boit trop de vin (plus de deux verres/jour), les muqueuses finissent par s’imbiber de l’alcool présent dans la boisson. Or s’imbiber d’alcool, pour un organe, n’est pas très sain. C’est pourquoi il peut en résulter un cancer de l’œsophage.

A. Le cancer de l’œsophage

Le cancer de l’œsophage est une multiplication anormale de cellules cancéreuses au sein de l’œsophage. Ses symptômes sont une difficulté à avaler les aliments (parfois même la sensation qu’ils sont bloqués dans l’œsophage), quelques fois des régurgitations des aliments, des hoquets, de la toux, et/ou de la douleur au niveau de la poitrine. Au niveau morphologique, une tumeur (excroissance de cellules cancéreuses) se forme, ce qui explique la difficulté à déglutir. Cette maladie, si elle n’est pas traitée, peut s’avérer mortelle. Ce qui concerne le vin ? Avec le tabac, l’abus d’alcool représente 90 % des cas de cancer. C’est pourquoi arroser nos muqueuses de vin en trop grande quantité n’est pas à proprement parler une bonne idée.

Les muqueuses de l’œsophage sont relativement sensibles

Après le passage dans l’œsophage, le vin passe dans l’estomac. On pourrait alors se dire que l’affaire est terminée. Erreur ! Car il arrive que le vin provoque aussi des remontées gastriques jusque dans l’œsophage.

B. Le Reflux Gastro-Œsophagique (RGO)

Appelé dans le langage courant « brûlures d’estomac »,  le reflux gastro –œsophagien est une remontée dans l’œsophage d’une partie du contenu de l’estomac. Or ce contenu possède des sucs gastriques, des substances très acides conçues pour désintégrer les aliments. Mais les muqueuses de l’œsophage ne sont pas faites pour supporter cette acidité, c’est pourquoi l’on ressent des brûlures dans l’œsophage en cas de reflux. L’organisme, en temps normal, préfère donc éviter ce genre de désagréments, grâce à un muscle situé dans la partie inférieure de l’œsophage (soit la partie supérieure de l’estomac) appelé sphincter, qui a pour fonction de se contracter afin d’empêcher le contenu de l’estomac de remonter. Lorsqu’on a bu du vin, toutefois, cela ne se passe pas comme prévu. L’alcool va relâcher le sphincter, et, s’il prend l’envie aux sucs gastriques  de remonter, rien ne pourra les en empêcher. Il y a alors RGO.

schéma d’un estomac

II. L’estomac

A. S’ouvrir l’appétit

Si l’on tient à manger de bon appétit, on peut prendre du vin juste avant le repas. En effet, il existe un muscle appelé le pylore, qui sépare l’estomac de l’intestin. Ce muscle est habituellement contracté, de sorte qu’il ne laisse qu’une mince ouverture pour laisser passer le liquide résultant de la digestion (le chyme). Comme cette ouverture est très petite, le chyme, en temps normal, s’évacue très lentement (de 40 minutes à quelques heures) dans l’intestin. Mais l’alcool (par exemple celui que contient le vin) relâche le pylore. L’ouverture est donc plus grande, et le chyme est évacué plus rapidement. L’estomac se retrouve alors vide, ce qui provoque la sensation de faim.                                                                                                                                                                     Ainsi, en buvant du vin juste avant le repas, on s’ouvre l’appétit, ce qui permet de manger avec plus d’enthousiasme. Mais, pour la même raison, ceux qui souhaitent limiter leur consommation de nourriture feraient mieux d’éviter le vin avant un repas.

B. Mieux digérer

On peut profiter du repas pour partager un verre de vin !

Lorsque le vin arrive dans l’estomac, il peut avoir un effet bénéfique sur la digestion.  En effet, le vin contient une substance appelée histamine. Cette substance peut également être fabriquée naturellement par notre organisme, et active certains récepteurs du corps, notamment les récepteurs de la paroi de l’estomac (appelés récepteurs H2). Lorsque ces récepteurs sont activés,  ils déclenchent dans l’estomac une sécrétion de suc gastrique très acide par les glandes gastriques. Or c’est justement grâce à ce suc que les aliments sont désintégrés, et donc que la digestion est efficace. C’est pourquoi l’histamine, et donc le vin, permet une digestion plus efficace des aliments dans l’estomac.                                                                                                                                                                                                                                                                                          Par conséquent, lorsqu’on a dégusté un plantureux et copieux repas, finir par un petit verre de vin permet d’avoir le ventre plus serein. Par contre, si le vin est consommé lorsque l’estomac est vide, du suc gastrique sera produit inutilement, ce qui risque d’abîmer l’estomac.  Le repas est donc un moment idéal pour boire son verre de vin du jour !      

III. L’intestin

représentation de l’intestin

Des chercheurs espagnols ont fait une étude sur les effets d’une consommation modérée de vin, qu’ils ont ensuite publié dans l’American Journal Of Clinical Nutrition, une référence en la matière. D’après leurs résultats, les polyphénols contenus dans le vin auraient un effet bénéfique sur la flore intestinale, c’est à dire l’ensemble des bactéries qui vivent dans l’intestin : ils favorisent la croissance des « bonnes » bactéries (bénéfiques pour notre santé), appelées probiotiques ; à l’inverse, ils tuent les bactéries pathogènes (ou annulent leurs effets), soit les bactéries potentiellement dangereuses. Par exemple, le vin préserve des effets de la bactérie pathogène Helicobacter Pilori, qui peut engendrer des ulcères de l’intestin, alors qu’il favorise la croissance des bactéries probiotiques comme les Lactobacillus ou les Bifidobacterium, qui nous sont très utiles car elles peuvent, selon leur espèce, prèvenir ou guérir certaines maladies gastriques, favoriser la digestion, ou améliorer la défense immunitaire de l’organisme. Pour l’intestin, les polyphénols du vin donc les bienvenus.

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