Au commencement, il y a la vigne. Une vigne qu’on plante sur une terre, et qui s’attache à elle. Sous le soleil, généreusement arrosée, elle grandit. Des raisins lui poussent sur le corps, qui forment des grappes. Il faut attendre, attendre qu’ils soient mûrs, qu’ils aient appris de leur sol et qu’ils soient gorgés de jus, d’une couleur pure et d’une séduisante et ronde courbure. pour pouvoir les cueillir. Avec délicatesse, beaucoup de délicatesse, chaque grappe compte pendant les vendanges. Le viticulteur examine le travail des cueilleurs dans leur paniers, et, d’un œil esthète, sélectionne les meilleurs raisins. Les mains fébriles s’activent, à la recherche des fruits indignes qui n’ont pas leur place pour la suite du spectacle. Les verts, les pourris et autres voyous sont impitoyablement retirés. Il faut passer à présent à l’éraflage, opération délicate nécessitant une machine qui retire les baies du squelette de la grappe. Il ne nous reste plus que des grains de raisin, qui sont tous écrasés et placés dans une immense cuve. C’est maintenant au Temps de faire sa besogne. Au Temps, mais aussi aux levures et aux sucres naturels présents dans le raisin. Le moment est venu pour le jus de se transcender, et il se met à fermenter. La peau, les pépins et autres fibres remontent à la surface (c’est le marc), tandis que le jus pur reste au fond (c’est le moût).
Ici, les chemins se séparent : si on récupère le jus directement et qu’on le fait encore fermenter, cela devient du blanc. Si on macère le marc avec le moût pendant moins de 12 heures avant de continuer la fermentation, cela devient du rosé. Au delà, cela devient du rouge. Pour le vin rouge, après cette seconde fermentation, on sépare le moût du marc, on presse le marc et on mêle le résultat à l’ensemble du jus.
Le vin est ensuite mis en fût. Pour ne pas qu’il s’ennuie, on le change quelques fois de fût, fût avec lequel il parle de goût vanillé, boisé, épicé, selon ses préférences. Pour le clarifier, on utilise en général un peu de jaune d’œuf pour faire couler les particules en suspension. On peut le laisser vieillir de longues années, ou bien le mettre en bouteille lorsqu’il est encore jeune, c’est-à-dire environ six mois d’âge. C’est le maître de chai, expert en la matière, qui indique lorsque le vin est prêt à naître.
Si c’est le cas, direction la bouteille. Si le vin se sent encore un peu hésitant, il peut se reposer un peu dans la bouteille.
Un jour, toutefois, la bouteille est achetée. On enlève avec une impatience bien compréhensible le bouchon de liège, et on fait couler la boisson dans un grand verre limpide.
Les yeux jugent en silence la robe, tandis que les doigts font tournoyer les tanins sur les parois de verre. Le nez risque une escarmouche, pique dans le verre, et hume. La salive monte déjà, sentant instinctivement qu’on aura besoin d’elle. Les lèvres s’entre-ouvrent, prêtes aux dialogue.
Enfin, le vin est bu.
C’est ici que commence notre TPE.